Le Soudan doit empêcher les massacres au Darfour et la guerre contre l’Ethiopie
Le Soudan doit empêcher les massacres au Darfour et la guerre contre l’Ethiopie
Un accord de paix avait été signé avec des groupes rebelles
En avril 2018 les Soudanais sont massivement descendus dans la rue : ce fût une révolution, car le président Omar el-Béchir, autocrate au pouvoir depuis 30 ans, fût destitué en avril 2019.
En août 2019 fût mis en place un gouvernement de transition.
Il est issu d’un accord entre militaires et dirigeants du mouvement de contestation.
Le président du Conseil de souveraineté est le général Abdel Fattah al-Burhane, tandis que le Premier ministre est Abdullah Hamdok.
Pendant la présidence d’Omar el-Béchir, le Soudan était déchiré par des conflits.
Le plus meurtrier était celui au Darfour (ouest), qui a fait près de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés.
Ce conflit avait éclaté en 2003 entre des forces du régime de l’ex-président Omar el-Béchir et des membres de minorités ethniques s’estimant marginalisées et réclamant une répartition plus équitable du pouvoir et des richesses.
En octobre 2020, le gouvernement de transition a signé un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles, notamment du Darfour.
Mais cet accord n’a pas été signé par le groupe insurgé qui a été le plus actif sur le terrain.
Suite à la signature de l’accord de paix entre le gouvernement de transition et les groupes rebelles, le Premier ministre a accueilli en novembre les chefs de groupes rebelles du pays à Khartoum, où des milliers de Soudanais étaient rassemblés, en liesse.
Malheureusement, les violences reprennent au Darfour, ayant fait plus de 250 morts récemment. Ces violences ne semblent pas impliquer des groupes signataires de l’accord. Les affrontements se poursuivent au sujet de l’accès à la terre et à l’eau, opposant éleveurs nomades arabes et paysans darfouris.
Le Soudan doit maintenant assurer seul la sécurité du Darfour
Le 31 décembre 2020, l’ONU et l’Union africaine ont mis fin à leur opération de paix conjointe au Darfour (MINUAD, 8.000 membres) après 13 ans de présence.
L’ONU prévoit toutefois de rester au Soudan via une mission politique basée à Khartoum, l’UNITAMS, destinée à accompagner la transition politique.
Le départ des Casques bleus est un choc pour de nombreux Darfouris.
Ils sont inquiets.
Et à juste titre, car la violence est de retour, et très rapidement.
Des habitants avaient manifesté en vain contre le retrait des Casques bleus.
Fin 2020, l’ONU avait indiqué que les autorités soudanaises s’étaient engagées à déployer au Darfour une force de protection de 12.000 membres pour prendre le relais, à partir de janvier, des Casques bleus.
Mais cela n’a pas empêché un déchaînement de violence.
Violences au Darfour : plus de 250 morts et 100.000 personnes déplacées en janvier
L’escalade de la violence intercommunautaire au Darfour a causé la mort de 250 personnes, plus de 300 blessés et le déplacement de plus de 100.000 individus en 7 jours.
Des affrontements éclatèrent seulement deux semaines après la fin de la Minuad.
Il y eût des massacres entre tribus arabes et non-arabes dans 2 zones différentes :
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Darfour occidental. Incidents survenus à la suite du meurtre d’un chef de tribu arabe, qui aurait été commis par un Masalit. En représailles, des hommes arabes ont ouvert le feu sur les personnes déplacées du camp, pour la plupart des Masalit.
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Sud-Darfour. L’incident a été déclenché par le meurtre d’un garçon de la tribu arabe Reizigat. Il aurait traversé des terres revendiquées par la tribu Falata. Le jour suivant, des hommes de la tribu Reizigat ont lancé une attaque sur un village Falata. Les deux parties ont échangé des tirs.
Le déploiement de troupes soudanaises a finalement aidé à un retour au calme dans ces Etats.
Déjà, fin décembre, soit quelques jours avant la fin de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’UA, des affrontements tribaux au Darfour avaient fait 15 morts.
Risque de nouvelles violences
De toute évidence le Darfour est insuffisamment sécurisé, et l’ONU craint que de nouvelles violences ne surviennent.
Les tensions ethniques et tribales datent de plusieurs décennies et continuent de s’envenimer.
Par exemple, les communautés Reizigat et Fallata s’affrontent régulièrement.
De plus, les Rizeigats s’étaient alliés à la terrifiante milice Janjawid, responsable du nettoyage ethnique durant la guerre civile. Et l’impunité est forte.
Le manque d’infrastructures et d’accès aux ressources sont au cœur des tensions.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni récemment pour évoquer les récents affrontements meurtriers au Darfour, mais sans aucune avancée.
La réunion en urgence avait été demandée par les Européens et les Etats-Unis après les affrontements inter-ethniques.
Européens, Etats-Unis et Mexique proposaient de pousser le gouvernement soudanais à accélérer l’application de son plan de protection des populations.
Mais les membres africains, l’Inde, la Russie et la Chine ont refusé, appelant à respecter la souveraineté du Soudan.
Le Darfour craint le retour des Janjawids
Les Janjawids sont une milice armée composée essentiellement de nomades arabes.
Incorporés dans le groupe paramilitaire « Forces de soutien rapides (RSF) », ils avaient été déployés par l’ancien président Béchir pour lutter contre les insurgés du Darfour.
Mais ils ont commis des atrocités généralisées, des nettoyages ethniques et des viols.
L’on trouve donc des milliers de miliciens Janjawids au sein des RSF, mais également dans l’armée soudanaise. Les Darfouris craignent donc le retour des Janjawids, dont de nombreux membres font naturellement partie de la force de protection de 12.000 membres déployés par le gouvernement.
Fin décembre, une affaire a suscité l’indignation générale au Soudan : un homme, qui faisait partie d’un comité de résistance anti-Béchir, a été tué au cours d’un interrogatoire par les RSF. Bahaa el-Din Nouri avait été enlevé le 16 décembre à Khartoum par des hommes en civil à bord d’une voiture sans plaques.
Son corps avait été retrouvé cinq jours plus tard.
La famille avait refusé de l’enterrer après avoir découvert des traces de torture.
Le 29 décembre, à Khartoum, des centaines de personnes ont manifesté, réclamant justice.
Grâce aussi aux réseaux sociaux, l’affaire prend d’immenses proportions, poussant les autorités à réagir, une fois n’est pas coutume, au sujet des Janjawids.
En effet, le numéro 2 du Conseil de souveraineté et chef des RSF n’est autre que le général Mohamed Hamdan Daglo, surnommé Hemedti par l’ancien président Béchir.
Hemedti dirigeait les Forces de soutien rapide sous la présidence Béchir.
Pour les Darfouris, son nom est associé aux nombreux crimes de guerre, crimes contre l’Humanité.
Au sujet de Bahaa el-Din Nouri, Hemedti, sous pression, décide de lever l’immunité des hommes impliqués.
La foule n’a pour autant toujours pas obtenu justice au sujet de la répression du sit-in le 3 juin 2019 devant le QG de l’armée : plus de 170 personnes furent tuées par les RSF.
Les Soudanais veulent garder allumée à la flamme de la révolution
Comme il y a un an, les Soudanais sont toujours mobilisés pour leur révolution, tandis que des anciens du régime Béchir sont toujours au pouvoir.
En décembre, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues des grandes villes du Soudan pour fêter le deuxième anniversaire du soulèvement.
Les Soudanais réclament du pain, la justice après la répression de la révolution, et des réformes concrètes tandis que la situation économique est très tendue.
D’autre part, ils craignent que les militaires ne prennent le pouvoir sur les civils au sein du Conseil de souveraineté.
L’inquiétude est de mis car le général Burhan, chef du Conseil souverain, a signé début décembre un décret créant le Transitional Partners Council (TPC).
Pour beaucoup de Soudanais, ce nouvel organe est un outil pour renforcer le pouvoir des militaires.
Le TPC pourrait interférer dans l’action du gouvernement et dans la constitution de la future assemblée législative.
Pour de nombreux partis politiques et associations anti-Béchir, et même pour le Premier ministre, c’est un coup de force des militaires.
De plus y est nommé le frère du redoutable Hemedti.
Les deux frères sont à la tête des Forces de soutien rapide, la force paramilitaire accusée d’avoir massacré des manifestants pendant la révolution.
Un pays affaibli par de nombreux problèmes internes
La liste de problèmes socio-économiques est si longue que je vais les lister :
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Difficultés économiques très préoccupantes ; l’inflation dépasse les 200 % ; dette de 60 milliards de dollars
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Forte pauvreté : environ 65% des quelque 42 millions d’habitants du Soudan vivent en dessous du seuil de pauvreté
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Economie durement touchée par des inondations catastrophiques et par la pandémie de Covid-19
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Le pays souffre d’une pénurie chronique de devises fortes qui entraîne de longues files d’attente pour l’achat d’aliments de base ou de carburant ; coupures d’électricité
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Le Soudan compte 1 million de réfugiés et près de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Le nombre de réfugiés ne cesse de croître, notamment en raison du conflit entre le gouvernement fédéral éthiopien et la région du Tigré.
Normaliser les relations avec Israël pour sauver le Soudan
Le gouvernement du Soudan a dû faire une concession importante, contre l’avis de nombreux Soudanais et de partis politiques : normaliser ses relations avec Israël.
C’était la condition sine qua non pour que les USA retirent le Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme.
Et ne plus faire partie de cette liste est le strict minimum pour espérer redresser l’économie du Soudan.
Ainsi, il peut bénéficier de l’aide américaine et internationale : cela permettra d’ouvrir la voie aux investissements étrangers pour relancer une économie moribonde.
Ensuite, une fois cette aide mise en place, le Soudan pourra relever la tête face aux nombreux procès intentés par les victimes américaines du terrorisme.
Ces procès ont été intentés par des familles de victimes d’actes terroristes commandités par Al-Qaïda il y a plus de 20 ans.
Le Soudan a servi de refuge à Al-Qaïda et à Oussama ben Laden jusqu’en 1996.
Donc pour normaliser ses relations avec Israël, le Soudan a signé le 6 janvier les accords d’Abraham, qui comprennent aussi les Emirats arabes unis et Bahreïn.
Dans ce cadre, pour la première fois un ministre israélien s’est rendu à Khartoum.
Le sujet de la visite était l’approfondissement de la coopération en matière de renseignement.
Il était question aussi de l’abrogation de la loi soudanaise de 1958 soutenant le boycott d’Israël.
Par ailleurs, les deux pays ont convenu d’ouvrir prochainement des ambassades.
Les USA veulent aider le Soudan, alors que la Russie y renforce son ancrage
Après avoir retiré le Soudan de leur liste des pays soutenant le terrorisme, les USA ont des projets pour ce pays.
Le numéro deux du Commandement américain pour l’Afrique (Africom) a fait une visite à Khartoum.
L’Africom coordonne les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur le continent.
Les USA veulent soutenir le processus de transition et aider les forces armées à se réformer. L’aide des USA s’élève à 1,1 milliard de dollars.
Washington doit se dépêcher car la Russie a une grosse longueur d’avance au Soudan : elle a annoncé la création d’une base navale sur la Mer Rouge.
Cela faisait longtemps que la Russie voulait créer une base militaire dans cette zone, mais elle avait échoué avec Djibouti, la Somalie, le Somaliland.
La Russie entretient des liens militaires anciens avec le Soudan, datant de l’époque de Béchir. Ils se renforcent après la chute de Béchir.
Et récemment, le Soudan a donné son accord pour prêter un terrain à la Russie à Port-Soudan, en échange d’une assistance gratuite pour la marine soudanaise.
Cette base militaire sera importante pour la Russie.
Qu’il s’agisse des ports ou aéroports du Soudan, la Russie aura le droit d’importer et d’exporter quantité de matériel militaire.
La Russie est aussi le plus grand fournisseur d’armes en Afrique, notamment en Algérie, en Égypte, en Angola.
Ces dernières années, elle a signé des accords de coopération militaire avec près de 20 pays d’Afrique, dont la Centrafrique.
Ce site sera le premier du genre pour Moscou en Afrique, et le deuxième dans le monde, après celui de Syrie.
La Russie aurait l’intention d’installer des bases militaires dans au moins 5 pays africains supplémentaires : Égypte, Érythrée, Mozambique, Madagascar, Centrafrique.
Cette base russe sera aussi un centre logistique important.
La position du Soudan est stratégique, sur la mer Rouge, face au golfe d’Aden.
Près de 10 % des marchandises commercialisées dans le monde passent dans ce carrefour d’échanges maritimes entre Europe et Asie.
Il y a un an à Sotchi, lors du premier sommet Russie-Afrique, Moscou avait affiché sa volonté de doubler ses échanges commerciaux avec le continent.
La Russie est investie dans des projets d’extraction minière dans plusieurs pays africains : Guinée, Afrique du Sud, Zimbabwe, Soudan.
La guerre va-t-elle éclater entre le Soudan et l’Éthiopie ?
D’une part, le Soudan accueille généreusement, et avec l’aide d’organisations humanitaires, des dizaines de milliers de réfugiés éthiopiens suite à l’offensive déclenchée début novembre par l’armée fédérale éthiopienne contre le Tigré (http://infosplanetaires.com/themes-mondiaux/ethiopie-catastrophe-humanitaire-et-guerres-sur-de-multiples-fronts.html).
D’autre part, une partie du territoire soudanais, appelé le triangle d’el-Fashaga, est toujours disputée entre l’Éthiopie et le Soudan.
Des milliers d’agriculteurs éthiopiens amharas y sont installés depuis 25 ans et sont protégés par les milices de l’Amhara voisine.
C’est une terre agricole très fertile. Cela faisait plusieurs mois que le gouvernement de transition du Soudan souhaitait que l’Éthiopie les encourage à se retirer de la zone.
Non seulement pour récupérer ses terres, mais aussi car les milices amharas sont régulièrement accusées d’exactions contre les Soudanais.
Mais le Soudan a profité de la guerre de l’Ethiopie contre sa province du Tigré pour récupérer ses terres.
A déplorer : des victimes civiles et des pillages de fermes.
De nombreux renforts des deux armées sont massés à la frontière Soudan / Ethiopie.
Des affrontements armés meurtriers eurent lieu entre les forces soudanaises et éthiopiennes.
D’autre part, une milice éthiopienne est accusée d’avoir attaqué ses troupes, tuant plusieurs soldats.
Le Soudan essaie de faire valoir sa cause à l’international, tandis que l’Ethiopie adoucit un peu sa position, proposant la réactivation d’un comité spécial conjoint.
Cependant, les négociations sont au point mort entre les deux pays.
Le 31 décembre, après des semaines de tensions, le Soudan annonce avoir totalement repris la main sur “ses” terres.
Le Soudan assure à son tour chercher à résoudre par le dialogue le problème.
Mais ces derniers jours, alors que les accusations d’exactions se multiplient des deux côtés, les avertissements et affrontements ont remplacé les appels à la discussion.
Cependant, les deux pays n’ont pas rompu les relations diplomatiques.
Chaque pays a en effet ses problèmes internes qui les empêchent d’entrer en guerre.
L’Égypte souffle sur les braises
Il est légitime de se demander si l’Égypte n’aurait pas poussé le Soudan au conflit contre l’Éthiopie. L’Éthiopie a d’ailleurs accusé l’Égypte sans la nommer.
En effet, les trois pays sont engagés dans une discorde autour du grand barrage de la Renaissance de l’Éthiopie (GERD), qui serait le plus grand barrage d’Afrique.
Pour l’Égypte, ce barrage, une fois en service, réduirait le débit du Nil, alors que ce fleuve majeur irrigue 90 % de ses champs.
Après plusieurs années, les négociations sont au point mort, alors que l’Éthiopie a entamé le remplissage du barrage en juillet.
Le Soudan et l’Égypte, qui rejettent tous deux le barrage, font partie d’une même alliance internationale, opposée à la confrérie des Frères musulmans.
Le Premier ministre soudanais a démis de leurs responsabilités de nombreux membres des Frères musulmans. L’Éthiopie, au contraire, se rapproche de la Turquie.
Pour le Soudan, ce barrage, construit dans une zone toute proche du Soudan, menace son barrage de Roseires. Mais c’est surtout l’Égypte qui est opposée au barrage.
Or, l’Éthiopie est empressée de le remplir au plus vite. Elle entend généraliser l’accès à l’électricité d’ici 2025.
Donald Trump, la Banque mondiale et l’Union africaine avaient essayé de faire de la médiation, en vain. Finalement, l’ancien président américain s’était emporté, accusant l’Éthiopie de ne pas avoir respecté un accord, et clamant que l’Égypte, ne pouvant accepter la situation, ferait sauter le barrage.
Après cet épisode houleux furent organisées de nouvelles négociations, qui ont aussi échoué.
Le Soudan, soumis à la pression des USA et de l’Égypte, avait accepté de s’opposer vivement au barrage, même si au point de départ il ne cherchait pas l’escalade.
De nombreux indices laissent penser que l’Egypte a poussé le Soudan a récupérer ses terres occupées depuis 25 ans par des paysans éthiopiens.
Cela afin d’affaiblir l’Éthiopie.
Le Soudan et l’Égypte se sont considérablement rapprochés, entre autres militairement.
L’Égypte ne veut pas pour autant une guerre entre Éthiopie et Soudan, mais “simplement” une escalade militaire pour parvenir au report du second remplissage du barrage jusqu’à ce qu’une solution finale soit trouvée.
Le gouvernement doit surveiller les khalwas, des écoles coraniques.
Comme dans plusieurs pays musulmans en Afrique, la pauvreté pousse de nombreux parents à confier leurs enfants à des écoles coraniques.
Ainsi, au Nigeria, 9 millions d’enfants et d’adolescents seraient enrôlés dans ce type d’écoles islamiques privées, appelées « écoles Almajiri ».
Au Soudan, elles sont appelées khalwas.
Il y a près de 30 000 khalwas dans tout le pays, selon le gouvernement soudanais.
Comme au Nigeria, elles croulent sous les accusations de maltraitances envers les enfants.
Les khalwas reçoivent de l’argent du gouvernement et de donateurs privés, provenant tant du Soudan que du monde entier.
Les milliers d’enfants apprennent à mémoriser le Coran.
Comme ces écoles sont gratuites, de nombreuses familles les considèrent comme une alternative à l’enseignement public, en particulier dans les villages isolés dépourvus d’écoles publiques.
Les élèves y sont hébergés et ne rentrent chez eux que pour les vacances.
Si les khalwas font partie de la culture soudanaise, ces dernières années, les vidéos d’enfants battus ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux, et les médias locaux ont rapporté des histoires de cheikhs accusés de viols.
Mais les cheikhs sont si considérés par la société soudanaise qu’il semble impossible de s’opposer à eux.
Un film a été réalisé récemment sur les khalwas.
Il a eu un impact énorme au Soudan. Les Soudanais sont horrifiés et scandalisés.
Mais le gouvernement soudanais, qui depuis un an parle de réformer les khalwas, a tardé à réagir.
Il a tout de même déclaré qu’il poursuivrait toutes les écoles dans lesquelles la BBC avait filmé.
Il a aussi promulgué une loi interdisant de battre les enfants dans les établissements d’enseignement et a déclaré cesser de financer les khalwas le temps d’examiner les écoles.
Mais il est difficile de défier les religieux au Soudan.
Le gouvernement a encore beaucoup à faire dans la défense des femmes
En janvier, une affaire a enflammé les réseaux sociaux au Soudan. La nuit du Nouvel An, une femme a été victime d’un viol collectif par vingt hommes.
Aucune poursuite n’a été engagée pour retrouver les auteurs du viol.
En quelques jours, le hashtag #NousSommesAvecToi s’est répandu sur Twitter. Et plusieurs collectifs ont organisé des manifestations pour dénoncer l’impunité.
En effet, au Soudan, le viol n’est pas reconnu comme un crime. Et la plupart des victimes ne parlent pas car c’est perçu comme un déshonneur par les familles.
Le collectif Soudanese Women Revolution se mobilise contre les violences faites aux petites filles et aux femmes.
Si le gouvernement de transition a promis de défendre les droits des femmes, et a nommé des femmes à des postes clés, le combat est encore loin d’être gagné.
De son côté, l’agence de l’ONU pour la santé sexuelle et reproductive veut s’investir au Soudan.
En 2021 dans le monde, elle vise à apporter une aide essentielle à 54 millions de femmes, de filles et de jeunes dans 68 pays.
L’UNFPA a lancé au Soudan une ligne téléphonique d’urgence pour les victimes de violence liée au sexe en 2020 et procède actuellement à une évaluation des besoins à grande échelle dans le pays.
Un progrès incroyable, les chrétiens ont pu célébrer Noël en paix
Cela change des persécutions sous le régime Béchir.
Pour la deuxième année consécutive, les chrétiens ont pu célébrer leur culte pour la fête de Noël.
Au Soudan, les chrétiens ne représentent que 3 à 5 % des 40 millions d’habitants.
Certains officiels soudanais se sont même rendus à l’église pour y célébrer Noël.
Et le 25 décembre est devenu un jour férié au Soudan.
Sources: AFP, ONU, RFI