Sahel : les djihadistes sèment la terreur, des millions d’enfants déscolarisés

Sahel : les djihadistes sèment la terreur, des millions d’enfants déscolarisés

 

Que se passe-t-il ?

 

Deux groupes djihadistes notoires sèment la terreur au Sahel.

L’un a prêté allégeance à Al-Qaïda, et l’autre au groupe Etat islamique.

Ils sont surtout actifs dans la zone dite des « Trois Frontières » : à la jonction du Mali, Burkina Faso et Niger.

 

Le Mali et le Burkina Faso sont les pays les plus affectés par leurs attaques (notons aussi des attaques plus « classiques », entre communautés opposées).

Il y a pourtant de nombreux militaires présents pour les combattre.

Mais la zone sahélienne est aussi vaste que l’Europe.

 

Plusieurs pays sont actifs sur place :

 

  • La France : 5.100 soldats de Barkhane

  • L’ONU, avec la Minusma au Mali : 13.000 hommes

  • La Force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad) : 5.000 hommes

  • Un soutien américain

  • Une force européenne, très récente : le groupe de travail Takuba, dont la mission est d’accompagner au combat de petites unités d’élite maliennes

 

Le bilan des attaques djihadistes est très élevé : les attaques au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont fait 4.000 morts en 2019.

Au Sahel, les violences ont fait à ce jour près de trois millions de déplacés et de réfugiés.

 

Mali — Wikipédia

 

Le Burkina Faso paie le plus lourd tribut avec un million de déplacés.

Dans ce pays en 2020, l’insurrection islamiste a fait plus de 2.000 morts et plus d’un million de déplacés.

 

Le Sahel est secoué ces derniers mois par un niveau sans précédent de violence : attaques, enlèvements massifs, des milliers de viols, des milliers d’écoles fermées…

 

Au Mali, suite à un coup d’État militaire et à l’occupation du nord par les islamistes radicaux, la France avait commencé à intervenir en 2013 : c’était l’opération Serval, lancée par François Hollande afin de stopper l’offensive djihadiste qui menaçait Bamako et reprendre le contrôle de Tombouctou et du nord du pays.

 

 

Les attaques djihadistes font fuir les enseignants

 

Au Burkina Faso comme au Mali, les djihadistes sont clairs : hors de question d’étudier le Français ou d’autres matières liées à l’Occident.

Seul l’islam doit être étudié.

D’ailleurs ils ne cachent pas leur volonté de faire régner la charia.

 

Dans ces deux pays, des centaines d’enseignants n’ont d’autre choix que de fuir face aux attaques.

Et des millions d’enfants ne sont pas scolarisés.

 

La violence augmente contre les filles, pendant que des enfants sont enrôlés de force comme soldats.

La violence est terrible contre les civils, des parents étant même exécutés par des groupes armés, devant leurs enfants.

 

Au Burkina Faso, plus de 2 100 écoles ont été fermées après des menaces terroristes. Et le 16 octobre, le corps sans vie d’un directeur d’une école primaire a été retrouvé.

 

De nombreux enseignants attendent leur réaffectation dans d’autres parties du pays non confrontées à la menace djihadiste.

Au Mali, des enseignants changent de métier.

Plus de 1 200 écoles y ont été fermées en raison de l’insécurité.

 

 

Les jeunes sont attirés par les groupes djihadistes

 

De nombreux jeunes, confrontés à la pauvreté, au chômage, sont tentés de rejoindre le djihad.

Alors que les Etats sont défaillants, que la corruption est forte, ils sont nombreux à faire ce choix.

 

On a vu la même tendance en Afghanistan, où de nombreux jeunes ont rejoint les talibans qui proposent une certaine aide humanitaire, protection, sécurité et une justice locale plus « juste ».

 

Les services publics sont délaissés, les policiers et militaires accusés de commettre des exactions contre les civils, les conflits ethniques et communautaires nombreux et relativement impunis.

 

Et les djihadistes ne manquent pas de ressources : ils peuvent se financer grâce aux rançons liées aux enlèvements, au trafic humain, au trafic de marchandises illicites, d’armes et de drogues.

 

Afin de contrer l’attrait qu’exercent les djihadistes, l’ONU demande une aide massive pour le Sahel central : Mali, Burkina Faso et Niger.

Il demandait 2,4 milliards de dollars, mais les pays donateurs ont promis 1,7 milliard de dollars. L’aide vient toujours de pays occidentaux.

 

Les besoins sont immenses, pour 3 raisons majeures : montée de la violence, dérèglement climatique, et comme partout, les restrictions liées à la pandémie de Covid-19.

Le Sahel central est l’une des régions les plus pauvres du monde.

 

Au total, 13,4 millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont besoin d’aide.

Environ 7,4 millions de personnes souffrent de la faim.

 

Il faut ajouter à tous ces catastrophes des inondations majeures ayant tué au Sahel au moins 112 personnes et affecté plus de 700.000 personnes.

Les terres agricoles sont ravagées, les habitations détruites, la situation sanitaire préoccupante, et une épidémie de choléra est à craindre.

 

 

Conflits ethniques et religieux explosifs

 

Le conflit est toujours majeur au Mali entre les éleveurs peuls, parmi lesquels recrutent depuis des années les djihadistes, et les agriculteurs dogons ou les chasseurs dozos, qui sont majoritairement animistes.

 

Epicentre de ce conflit, Farabougou, un village habité par des Dozos..

Ce village de la région de Ségou, dans le centre du pays, est toujours occupé par des djihadistes, depuis début octobre, malgré plusieurs tentatives de conciliation entre Peuls et Dozos.

 

Et toute la région autour est impactée par ces conflits ethniques : affrontements violents et assassinats ces derniers jours.

Les Peuls sont accusés de collusion avec les jihadistes présents dans la zone.

 

Et les chasseurs traditionnels dozos, qui protègent les villages bambaras, sont souvent accusés de violence contre les Peuls.

Meurtres, enlèvements, vol de bétail, les conflits sont multiples, infinis…

 

 

Quelques succès militaires récents, mais largement insuffisants

 

Suite à de récents succès, le chef des opérations de paix de l’ONU appelle devant le Conseil de sécurité à renforcer l’action de la Force conjointe du G5 Sahel, notamment d’un point de vue financier.

 

Quels sont les succès militaires récents contre les djihadistes ?

 

  • La « neutralisation » du chef djihadiste Ba Ag Moussa lié à Al-Qaïda

  • Une trentaine de djihadistes tués par l’armée française le 12 novembre

  • 15 jihadistes condamnés à mort au Mali

  • Fin octobre, une centaine de jihadistes tués par plusieurs armées

 

 

Négocier avec les djihadistes ?

 

Début 2020, alors que la situation sécuritaire était catastrophique, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (renversé depuis le 18 août) avait admis vouloir discuter avec les groupes djihadistes.

 

Idée reprise par l’actuel Premier ministre malien de transition Moctar Ouane, ainsi que par le secrétaire général de l’ONU.

Il pense que les armées échoueront forcément face à l’immensité du Sahel.

L’Union africaine est du même avis.

 

Mais il en est hors de question pour la France, car les groupes djihadistes sont particulièrement cruels.

De plus, cela semble inutile, du fait de revirements de djihadistes.

 

La France a mal accueilli la nouvelle de la libération en octobre d’environ 200 prisonniers, dont d’importants djihadistes, en échange d’otages, notamment de la Française Sophie Pétronin et de l’important homme politique malien Soumaïla Cissé.

 

De son côté, l’Algérie est furieuse, alors qu’elle vient d’arrêter un 2e djihadiste figurant parmi les 200 libérés en octobre.

Ce pays déplore aussi qu’une importante rançon ait été versée aux djihadistes en échange des otages. Cela fait appel d’air pour l’avenir.

 

 

La présidentielle au Burkina Faso placée sous le signe de l’insécurité

 

Les élections présidentielle et législatives auront lieu dimanche.

Les promesses de lutter contre la violence sont de mise chez tous les candidats.

Mais un grand nombre de personnes ne pourront voter, car ce sont des déplacés qui n’ont pu obtenir de cartes d’électeur, ayant fui précipitamment les djihadistes.

 

Ils vivent souvent dans des conditions précaires en périphérie de Ouagadougou, la capitale du pays, privés d’électricité et d’eau.

Au total, 400.000 personnes, soit environ 7% des électeurs, ne pourront pas voter.

 

Il faut noter aussi qu’en raison de l’insécurité, dans des centaines de villages, les bureaux de vote n’ouvriront même pas, soit 6% des bureaux de vote.

A Ouagadougou, où des djihadistes ont conduit plusieurs attaques ces dernières années, la présence de l’armée est de plus en plus visible à l’approche de l’élection.

 

Le Burkina Faso, qui refuse la présence de l’armée française sur son sol, a encore subi une attaque début novembre : 14 militaires ont été tués.

L’EI revendique l’une des plus graves attaques contre l’armée du Burkina Faso.

Elle a eu lieu, comme souvent, dans la zone des « Trois frontières ».

Sources: AFP, ONU, RFI

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