Haïti : les gangs criminels terrorisent le pays
Haïti : les gangs criminels terrorisent le pays
Que se passe-t-il ?
Haïti est en proie à une grave crise avec des manifestations à répétition, souvent émaillées de violences, depuis plus d’un an pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse.
Selon l’ONU, des dizaines de personnes sont mortes dans ces manifestations.
Les élites politiques sont accusées d’une corruption massive et sont incapables de gérer la forte insécurité du pays.
Des gangs criminels bloquent des routes, vivent de racket, d’enlèvements contre rançons et de trafics.
L’Etat en Haïti ne dépasse plus les frontières du palais national.
Au-delà, les gangs font leur loi et multiplient les massacres.
De plus, la complicité de personnes au pouvoir est fortement soupçonnée, vu que les armes affluent malgré l’embargo.
Les policiers aussi terrorisent la population
Mercredi, les différents partis de l’opposition avaient appelé à une nouvelle manifestation à travers le pays.
Mais dans la capitale, les manifestants ont été violemment réprimées par la police.
Les policiers semblent de plus en plus hors de contrôle. Ils organisent des manifestations destructrices afin de réclamer la libération de policiers incarcérés à juste titre. Des civils armés se joignent à leurs manifestations réunissant des centaines de policiers.
Des policiers ont même créé un groupe, « Fantom 509 », qui a semé le désordre dans la capitale à plusieurs occasions. Or, Haïti n’a plus que la police pour faire respecter l’ordre car l’armée avait été démantelée dans les années 1990 en raison de son implication dans plusieurs coups d’État.
La corruption est gigantesque et devrait encore augmenter
Au sujet du chef de l’État Jovenel Moïse, des entreprises qu’il dirigeait avant son entrée en politique avaient été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant “au cœur d’un stratagème de détournement de fonds”.
Pour éviter les ennuis, il vient de réduire les pouvoirs de la Cour supérieure des comptes.
Elle ne pourra désormais plus analyser les dépenses publiques.
La lutte contre la corruption est donc au point mort.
La Cour supérieure des comptes avait dévoilé au grand jour le scandale Petrocaribe : les gouvernements entre 2008 et 2016 ont été accusés d’avoir, a minima mal géré, au pire détourné environ 2 milliards de dollars du fonds Petrocaribe.
Toujours pas de nouveau Parlement ; l’ONU est amorphe
À ce jour il n’y a toujours pas de nouveau Parlement, du fait que les élections législatives et locales prévues en 2019 n’ont jamais pu avoir lieu.
Jovenel Moïse est seul maître à bord, et l’opposition est furieuse.
Le président gouverne par décret exécutif depuis le 13 janvier 2020, date à laquelle le mandat du Parlement a expiré.
La mission de l’ONU a été renouvelée en octobre pour un an.
Le Conseil de sécurité est très inquiet et appelle le gouvernement à mettre en œuvre les réformes nécessaires et renforcer l’Etat de droit.
Il faut lutter contre la violence, contre l’impunité et remettre les institutions en état de marche.
Sous la pression de l’ONU, le président essaie de mener quelques réformes, mais la situation ne s’améliore pas du tout.
Il a notamment nommé un nouveau directeur de la police nationale.
Un tiers des Haïtiens en insécurité alimentaire grave, selon l’ONU
Plus d’un Haïtien sur trois est dans une situation d’insécurité alimentaire grave, en raison de la crise économique, des troubles sociaux et de la baisse de la production agricole, selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).
L’agence onusienne fait de son mieux pour aider la population.
A l’insécurité alimentaire s’ajoute la pandémie de Covid-19.
Comme souvent, le PAM manque de fonds pour mener à bien ses missions.
Et avec la crise économique mondiale liée au Covid-19, les pays donateurs devraient se montrer encore moins généreux.
Ce cataclysme pousse de nombreux Haïtiens à l’exil, au péril de leurs vies.
Sources: AFP, ONU, Reuters, RFI