La Turquie aide l’Ukraine dans ses projets de reconquêtes
La Turquie aide l’Ukraine dans ses projets de reconquêtes
Rappel du contexte
La Russie a perdu toute influence en Ukraine, qui se rapproche de l’Union Européenne et de la Turquie.
L’Ukraine pâtit de deux pertes de territoires importantes :
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La Crimée dans le sud : cette péninsule, place stratégique sur la Mer Noire, est redevenue russe suite à un référendum organisé en mars 2014.
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La région du Donbass dans l’est : la guerre est toujours d’actualité. Moscou est accusé d’y soutenir les séparatistes pro-russes.
Au sujet de la Crimée, le sujet est clos pour le président russe Vladimir Poutine.
Au sujet du Donbass, la situation y est bloquée actuellement.
L’Ukraine propose toujours d’organiser des élections dans le Donbass à plusieurs conditions :
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Démilitarisation du Donbass
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Contrôle de la frontière entre le Donbass et la Russie par l’Ukraine
Mais la Russie y est opposée, stipulant que cela va à l’encontre des accords de Minsk. Moscou veut un statut d’autonomie pour les territoires séparatistes du Donbass : les territoires de Lougansk et de Donetsk.
Puis la tenue d’élections locales dans ces régions.
Depuis le début de la guerre en 2014, plus de 13 000 personnes ont perdu la vie, selon l’ONU.
L’Ukraine envisagerait une offensive sur le Donbass
L’Ukraine noue des liens avec la Turquie, pays expert dans la fabrication de drones militaires.
Ces drones ont fait leurs preuves dans plusieurs conflits, notamment en Libye.
Ils ont récemment apporté la victoire à l’Azerbaïdjan (allié à la Turquie) contre le Haut-Karabakh, province azerbaïdjanaise qui était peuplée d’Arméniens, désormais majoritairement exilés en Arménie.
L’Ukraine souhaite acquérir 48 drones turcs (Bayraktar TB2), qui donneraient une grande supériorité à l’Ukraine contre les rebelles pro-russes.
On retrouverait le même scénario qu’en Azerbaïdjan : des drones turcs vendus à un pays souhaitant reconquérir une province rebelle.
Le président ukrainien Zelensky est soumis à la pression d’une partie de son opinion publique, des nationalistes et des anciens combattants qui organisent régulièrement des manifestations.
Ils rejettent catégoriquement tout recul des troupes ukrainiennes.
Il faut cependant noter au sein de l’opinion publique ukrainienne un retour en force des pro-Russes : on l’a vu lors des élections municipales et régionales du 25 octobre.
En effet, le président ukrainien déçoit la population.
S’il veut reconquérir ses régions sécessionnistes, il devra agir vite, avant que son opinion publique ne se tourne davantage vers Moscou.
L’Ukraine envisage-t-elle de reconquérir la Crimée ?
La Crimée connût l’Empire ottoman, fût russe, puis ukrainienne, et est à nouveau russe depuis 2014. Mais son rattachement à la Russie n’est pas reconnu par la communauté internationale.
Et l’Ukraine nourrit des projets de reconquête.
A l’aide de drones turcs, elle surveille l’activité militaire russe dans le nord de la péninsule. La Turquie est située juste en face de la Crimée, au sud, de l’autre côté de la Mer Noire, tandis qu’il faut signaler un allié de la Turquie, la Géorgie, comme voisin au sud-ouest.
Au sud-ouest de la Géorgie, la Turquie, et au sud-est, l’Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie.
Mais il y a tout de même la Russie au nord de la Géorgie, et les forces russes sont massives en Crimée.
La Russie remarque les manigances turques puisqu’un député russe du parlement criméen a jugé utile de mettre en garde la Turquie sur l’adhésion à une alliance contre la Crimée.
L’Ukraine avait proposé à la Turquie de se joindre au projet Plateforme Crimée.
Ce projet vise à restituer la péninsule à l’Ukraine.
Le président turc Erdogan a déclaré qu’Ankara ne reconnaissait pas l’appartenance de la Crimée à la Russie.
Et qu’il avait l’intention de soutenir les Tatars de Crimée, en adéquation avec l’Ukraine.
La République de Crimée compte actuellement 1,9 million d’habitants, dont environ 15% sont des Tatars de Crimée.
Les Tatars sont un peuple turc.
La plupart vivent au centre et au sud de la Russie, en Ukraine, au Kazakhstan, en Turquie et en Ouzbékistan.
Mais derrière le soutien turc au rattachement de la Crimée à l’Ukraine, l’on peut bien entendu voir le soutien de l’OTAN, dont la Turquie est membre.
Affaiblir la Russie reste l’objectif principal de l’OTAN.
D’ailleurs, en septembre, la Russie a demandé aux USA (membre majeur de l’OTAN) de s’expliquer après un reportage parlant du soutien américain aux « unités ukrainiennes » en Crimée.
Une publication de la NBC évoquait le fait que les États-Unis « arment les unités ukrainiennes combattant les forces russes en Crimée ».
L’OTAN patrouille en Mer Noire.
L’Ukraine aigrie par le Nord Stream 2
Le Nord Stream 2 est un projet de construction de deux gazoducs d’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an.
Il n’est pas encore terminé et est dénoncé par l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, mais aussi les Etats-Unis, qui dénoncent la mainmise de Moscou.
Il part de Russie, contourne l’Ukraine, arrive en Allemagne, pour approvisionner l’Europe du Nord et de l’Ouest via la Baltique.
Il est financé à moitié par Gazprom, à moitié par les Européens.
En entrant en service, il privera l’Ukraine d’importants revenus financiers.
Sa date de mise en service n’est pas encore connue car il est confronté à d’importants obstacles : les sanctions américaines.
En effet, ce projet menace la vente de gaz des Etats-Unis à l’Union Européenne.
Dernière contrariété en date, une entreprise norvégienne a dû cesser sa participation au projet Nord Stream 2, en raison des sanctions américaines contenues dans la loi PEESA (Protecting Europe’s Energy Security Act).
De nombreux sous-traitants européens ont également dû renoncer à ce projet en raison des sanctions américaines.
Les tensions sont vives entre les milieux allemands des affaires et les USA.
Gazprom a déclaré que le projet, déjà prêt à 94%, serait terminé par la partie russe.
En matière de gazoducs, signalons aussi le TurkStream : de même, il contourne l’Ukraine, ce qui irrite profondément ce pays.
Il symbolise aussi le rapprochement Russie – Turquie. La Turquie a en effet des liens forts avec la Russie, tout en agissant contre elle en Ukraine.
Sources: AFP, ONU, Reuters, RFI