Pakistan / Inde : nouvelle guerre pour le Cachemire
Pakistan / Inde : nouvelle guerre pour le Cachemire
Rappel du contexte
Le Cachemire est une région himalayenne à majorité musulmane.
Au moment de l’indépendance en 1947, l’Inde à majorité hindoue et le Pakistan à majorité musulmane se sont partagés le Cachemire : 37% pour le Pakistan et 63% à l’Inde, séparées par une Ligne de contrôle (LoC), frontière de facto.
Il était prévu que le Cachemire indien (7 millions de personnes aujourd’hui) soit autonome.
Et c’était le cas depuis 1947, jusqu’à août 2019 : l’Inde décide alors de mettre fin à son autonomie.
Le Cachemire est depuis 1947 source de tensions très fortes entre Inde et Pakistan.
Il a été à l’origine de deux des trois guerres qui les ont opposés depuis.
Les deux pays revendiquent le Cachemire en entier.
Au Cachemire côté indien fait rage depuis plus de 30 ans une insurrection séparatiste ayant fait des dizaines de milliers de morts, surtout des civils.
Ces derniers temps la tension est encore montée d’un cran, faisant de nombreuses victimes civiles.
Pour le Pakistan, la révocation de l’autonomie du Cachemire indien par l’Inde est une grave provocation.
L’Inde est gouvernée par des nationalistes hindous particulièrement virulents contre les musulmans, qui sont aussi très nombreux en Inde.
Photo : Radio-Canada
Avant la révocation du Cachemire indien, 46 soldats indiens tués
Revenons sur la confrontation indo-pakistanaise de 2019.
Le 14 février 2019, un terroriste originaire du Cachemire indien tue 46 membres de la Réserve centrale des forces de police indienne.
L’attentat est revendiqué par un groupe radical basé au Pakistan.
En représailles, l’Inde organise une attaque aérienne sur le territoire pakistanais.
S’ensuivent des échanges de tirs entre les deux pays au niveau de la Ligne de contrôle, puis le Pakistan mène des frappes aériennes sur le Cachemire indien. Pour l’Inde c’en est trop, et elle décidera de mettre fin à l’autonomie du Cachemire indien.
L’Inde met fin à l’autonomie du Cachemire indien en août 2019
Conformément à ses promesses de campagne, le gouvernement nationaliste hindou Modi a décidé en août 2019 de mettre fin à l’autonomie du Cachemire indien.
En même temps, il a imposé un intense déploiement sécuritaire avec une arrivée massive de militaires.
Il a instauré un couvre-feu, arrête et placé en résidence surveillée de nombreuses personnes.
Des centaines de personnes sont encore emprisonnées.
Accusé de tortures sur des habitants, il a coupé aussi les communications et restreint les déplacements. Encore aujourd’hui, les habitants n’ont accès qu’à l’Internet 2G.
Plusieurs journalistes ont même été accusés de terrorisme pour avoir couvert les événements.
L’Inde craignait une flambée de violence.
En effet, la majorité des habitants de cette région musulmane sont favorables à l’autonomie du Cachemire indien, comme c’était le cas auparavant.
On vient d’ailleurs de le constater à nouveau lors des élections locales de décembre 2020 : les pro-autonomie ont gagné leur pari dans le Cachemire, humiliant ainsi le parti BJP nationaliste hindou de Narendra Modi.
Le Pakistan avait brandi le risque nucléaire avec l’Inde
Le cessez-le-feu vole en éclats entre les deux puissances nucléaires.
Les nombreux coups de feu et obus tirés font de nombreuses victimes militaires et des dizaines de morts civiles, des 2 côtés de la Ligne de contrôle.
Une voiture de la mission d’observation des Nations unies a également été impactée en décembre.
L’Inde accuse le Pakistan d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu de 2003 plus de 5.000 fois l’an dernier, et le Pakistan accuse l’Inde de plus de 3.000 fois.
Non seulement les civils vivant près de la Ligne de contrôle se font tuer ou blesser, mais leurs habitations et supports nécessaires à leur travail (leurs terres agricoles par exemple) se font détruire. La forte insécurité les dissuade aussi de sortir de chez eux, tout comme les enfants de se rendre à l’école.
En septembre 2019, le Premier ministre pakistanais Imran Khan avait averti l’ONU du risque que la crise au Cachemire ne conduise à une guerre nucléaire avec l’Inde, avec des conséquences pour le monde entier.
“Quand le couvre-feu sera levé, ce sera un bain de sang”, avait-t-il lancé.
Mais heureusement cela ne s’est pas produit depuis, alors que la guerre est larvée entre les deux pays.
Le Pakistan est soutenu par deux pays puissants, la Chine et la Turquie
L’Inde fait partie du Quad : Inde, USA, Japon et Australie forment le “Quad”, considéré comme un contrepoids à la Chine.
Mais la situation est loin d’être facile, car la Chine est extrêmement puissante, et soutient le Pakistan, y compris militairement.
Pour la Chine, le Pakistan est un pays important dans le cadre des gigantesques Routes de la Soie chinoises, mais aussi une puissance nucléaire majeure dans son combat contre l’Inde.
Les tensions frontalières sont extrêmement fortes entre Inde et Chine.
Du coup, l’Inde essaie de renforcer son influence en Iran, notamment à travers les projets de développement de ports iraniens.
Mais elle doit dans le même temps ménager son allié américain, ennemi avec l’Iran.
De plus, les relations se réchauffent légèrement entre Pakistan et Iran.
Et la Chine est un allié important de l’Iran.
Autant dire que l’Inde est isolée, même si la France soutient cette cinquième économie mondiale et première économie d’Asie du Sud.
Enfin, le Pakistan est un pays proche de la Turquie.
Ce pays très offensif a désormais une armée de mercenaires à disposition en Syrie.
Ils ont déjà été utilisés dans plusieurs guerres, avec succès.
La Turquie songe à en envoyer au Pakistan, afin de le soutenir dans sa conquête du Cachemire indien.
A noter que suite à la révocation de l’autonomie en 2019, de nombreux habitants musulmans de cette région se sont radicalisés contre l’Inde.
La Turquie aimerait aussi vendre au Pakistan les désormais célèbres drones Bayraktar. Ces drones ont démontré leur efficacité dans plusieurs guerres.
Bientôt au Cachemire ?
Sources: AFP, ONU, RFI