Yémen : les cruels Houthis sont proches de gagner la guerre
Yémen : les cruels Houthis sont proches de gagner la guerre
Les Houthis, plus puissants que jamais
Le conflit au Yémen oppose les rebelles Houthis au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Les Houthis sont soutenus par l’Iran chiite, rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.
Si l’Iran les soutient politiquement, il dément leur fournir des armes.
Les Houthis ont pris la capitale du Yémen et une grande partie du nord en 2014.
Le gouvernement légitime du président Hadi s’est exilé.
Suite à sa demande d’aide, le voisin saoudien, à la tête d’une coalition comprenant notamment les Emirats arabes unis, fait la guerre depuis 2015 aux Houthis.
Cela a entraîné le déplacement de 4 millions de personnes.
Les Houthis lancent de plus en plus d’attaques contre le sud de l’Arabie saoudite, qui de son côté, fait pleuvoir les bombes au Yémen. Il faut croire que la coalition saoudienne manque d’efficacité, puisque désormais les Houthis contrôlent au Yémen une grande partie de l’Ouest et du Nord, dont la capitale Sanaa.
Le conflit au Yémen a fait plus de 100 000 morts, surtout civils, et entraîné ce que l’ONU décrit comme étant la pire crise humanitaire dans le monde.
Des millions de Yéménites sont au bord de la famine, et 24 millions de personnes, soit plus des 3/4 de la population, ont besoin d’aide. Les Yéménites ont aussi été victimes d”inondations l’an dernier, et le choléra menace.
La bataille décisive de Marib
Les combats font actuellement rage pour s’emparer de Marib, dernier bastion loyaliste situé à seulement 120 km de la capitale Sanaa, tenue par les Houthis.
Cela fait un an qu’ils tentent de s’emparer de ce dernier bastion du pouvoir dans le nord du Yémen.
Après une accalmie, ils ont repris le 8 février leur offensive contre les forces gouvernementales.
L’enjeu est de prendre possession du « triangle d’or » : Marib – Shabwa – Hadramawt, une zone riche en gaz et pétrole.
Si les Houthis parviennent à conquérir cette zone, ils parachèveront leur contrôle du nord du Yémen.
Aux dernières nouvelles, les combattants tribaux de Marib ont réussi à contrecarrer les avances des Houthis avec des embuscades, faisant des dizaines de morts.
La prise de Marib serait un échec retentissant pour l’Arabie saoudite.
Ce pays situé au nord du Yémen serait encore plus menacé par les attaques des Houthis.
Le sud de l’Arabie saoudite est déjà très régulièrement attaqué depuis des mois.
De plus, Marib a des liens historiques et familiaux profonds avec l’Arabie saoudite.
Les USA et l’ONU appellent les Houthis à la désescalade, en vain.
Les USA veulent maintenant négocier un cessez-le-feu.
Des millions de civils sont en danger en raison des combats.
Un désastre humanitaire à Marib
La guerre qui fait rage depuis 2015 avait fait affluer des millions de déplacés à Marib.
La population de Marib compte désormais 2,8 millions.
Ces déplacés doivent à nouveau fuir, par dizaines de milliers.
Car les combats atteignent les camps de personnes déplacées.
De plus, les Houthis sont accusés d’utiliser les déplacés comme boucliers humains.
Le gouvernement yéménite demande une enquête sur ce sujet.
Par ailleurs, l’acheminement de l’aide humanitaire aux déplacés de Marib est gravement entravé par les combats.
Si les Houthis prennent Marib, une catastrophe humanitaire est redoutée.
Les combats menacent 140 camps de déplacés de la province, notamment le grand camp de Souwaïda.
La famine fait rage
Des responsables de l’ONU lancent un appel pour une aide internationale urgente au Yémen alors que la famine se profile.
C’est la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies. Plus de 16 millions de Yéménites souffrent de la faim, dont 5 millions sont “à un pas de la famine”.
La malnutrition aiguë menace la moitié des enfants de moins de cinq ans au Yémen en 2021, soit près de 2,3 millions d’enfants.
Parmi eux, 400.000 pourraient mourir s’ils ne reçoivent pas un traitement urgent.
Le manque de financement actuel a obligé l’ONU à fermer totalement ou partiellement 3 000 centres de soins.
Le Yémen, même avant la guerre, était considéré comme le pays le plus pauvre du monde arabe.
Les opérations humanitaires de l’ONU au Yémen nécessitent au moins 4 milliards de dollars pour se maintenir à flot cette année.
Une prochaine collecte de fonds sera organisée le 1er mars.
En plus de la famine, un grand nombre de fonctionnaires ne reçoivent pas leur salaire et il y a de graves pénuries de carburant dans les parties contrôlées par les Houthis dans le nord du pays.
Pour les USA, les Houthis ne sont pas des terroristes
Malgré le désastre actuel, l’ONU se félicite que les USA aient retiré les Houthis de la désignation des Houthis comme organisation terroriste.
En effet, pour que l’aide humanitaire et le carburant puissent parvenir au Yémen, il est nécessaire de négocier avec les Houthis, qui tiennent le port d’Hodeïda.
Leur désignation comme terroristes aurait interdit aux organisations humanitaires de traiter avec eux. Or, le Yémen importe 90% de sa nourriture.
Mais pour l’Arabie saoudite, les Houthis restent une organisation terroriste.
Les autorités saoudiennes ont d’ailleurs manifesté leur déception face à décision américaine. Les États-Unis ont tout de même condamné les attaques houthies contre l’Arabie saoudite et affirmé que les principaux chefs houthis resteraient sur la liste noire à titre personnel.
De plus en plus d’attaques contre l’Arabie saoudite
Encore pire pour l’Arabie saoudite, début février, les USA ont mis fin à leur soutien à la coalition dirigée par les Saoudiens. Idem pour l’Italie.
Cela en raison des nombreuses bavures envers les civils dont la coalition est accusée.
Les USA se sont tout de même engagés à défendre le pays contre les menaces houthis.
Les Houthis se sentent maintenant davantage pousser des ailes et intensifient leurs attaques au Yémen et contre le royaume saoudien.
L’Arabie saoudite est située juste au nord de la zone contrôlée par les Houthis.
Les attaques contre le sud de l’Arabie saoudite redoublent depuis quelques semaines.
Récemment encore, la coalition a déclaré mi-février avoir abattu deux drones chargés d’explosifs lancés en direction de zones civiles.
L’Arabie saoudite a été visée par des dizaines d’attaques de missiles balistiques et de drones lancées par les Houthis depuis début 2019 mais affirme avoir intercepté la plupart d’entre eux.
L’approvisionnement en pétrole de l’Europe menacé
Drones, missiles, roquettes, bateaux…
Les Houthis sont bien équipés et augmentent leurs attaques contre l’Arabie saoudite. Y compris dans la mer Rouge. Un pétrolier a encore été attaqué mi-décembre, près du port de Jeddah en Arabie saoudite.
Les Houthis visent des installations pétrolières saoudiennes, donc aussi l’approvisionnement en pétrole de l’Europe. Celui-ci avait été fortement perturbé en septembre 2019 suite à des attaques de drones revendiquées par les Houthis. L’Arabie saoudite est le premier exportateur de brut au monde.
La prise de Marib par les Houthis porterait un coup dur au pouvoir mais aussi à l’Arabie saoudite, car le nord du Yémen serait alors entièrement aux mains des rebelles.
Si les Houthis soutenus par l’Iran remportent la bataille décisive de Marib, ce sera aussi une victoire de l’Iran contre son ennemi saoudien.
Un gouvernement yéménite fragile
A partir de 2017, les forces soutenues par la coalition se fracturent. Et un Conseil de transition du sud (CTS), rejetant l’autorité du président Mansour Hadi, se met en place à Aden. Les Emirats arabes unis apportent leur soutien au CTS séparatiste, rompant ainsi leur alliance avec l’Arabie saoudite.
Après de nombreux combats et retournements de situation, le CTS signe le 5 novembre 2020 un accord de partage du pouvoir avec le gouvernement yéménite reconnu par l’ONU : c’est l’accord de Riyad.
Se met ensuite en place, le 18 décembre, un nouveau gouvernement.
Il rassemble les fidèles du président Hadi et des partisans du CTS. Il fait donc l’unité entre les influences saoudienne et des Emirats arabes unis.
Mais ces drames politiques ont affaibli la lutte contre les Houthis.
En ce début d’année 2021, le gouvernement est encore fragile, pour plusieurs raisons :
– Il y a de graves dissensions entre les deux camps. Le président Hadi est issu du puissant parti Al-Islah, proche des Frères musulmans. Ces derniers sont haïs et combattus par le CTS soutenu par les Emirats arabes unis. Afin de combattre leur influence au sein du gouvernement, le CTS comprend des salafistes.
– Le CTS, financé par les Émirats, s’aligne sur ces derniers pour normaliser leurs relations avec Israël. Cela est délicat en raison de la présence de salafistes au sein du CTS, n’appréciant pas forcément ce rapprochement avec Israël.
– Le CTS appelle à l’achèvement de la mise en œuvre de l’accord de Riyad pour unifier les efforts contre les Houthis. En théorie, l’égalité a été bien respecté au sein du nouveau gouvernement. Mais les ministères régaliens ont tous été attribués aux proches du président Hadi.
– Le 2 février, Abdulrahman al-Shamsani est nommé commandant de la 35e brigade de l’armée nationale à Ta’izz. L’ONU s’inquiète de l’influence grandissante d’Al-Islah dans l’armée nationale et des tensions que cela engendre.
– Mi-janvier, les dissensions entre les loyalistes et les sécessionnistes du sud étaient à nouveau très fortes, au point que le gouvernement semblait prêt d’imploser. Et le CTS et Islah sont toujours en guerre par assassinats interposés.
– L’attaque du 30 décembre qui a visé le nouveau gouvernement yéménite à son arrivée à l’aéroport d’Aden. Des dizaines de civils ont été blessés ou tués, y compris des représentants du gouvernement, des travailleurs humanitaires et un journaliste. Les Houthis sont soupçonnés.
Recrudescence des combats à Hodeïda
Hormis les combats pour prendre le triangle d’or, il faut signaler la recrudescence des violences depuis la mi-janvier à Hodeida, port de l’ouest du Yémen tenu par les Houthis.
Ces combats mettent en danger la vie des milliers de civils.
Des victimes civiles sont d’ailleurs à signaler, et des centaines de personnes ont pris la fuite.
En janvier, environ 150 Houthis et soldats du gouvernement ont été tués en une semaine de combats.
Ces combats sont les plus violents depuis l’entrée en vigueur d’une trêve en décembre 2018. Les Houthis veulent étendre leur contrôle plus au sud, attaquant donc les forces du gouvernement. Cela menace l’acheminement de l’aide humanitaire, Hodeïda en étant la porte d’entrée au Yémen.
Les Houthis sont particulièrement cruels
Alors que la zone contrôlée par les Houthis laissait passer peu d’informations, les témoignages sont de plus en plus nombreux pour témoigner de leur cruauté.
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Les attaques de la milice houthie contre des cibles civiles
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Un système totalitaire de plus en plus répressif, avec notamment un contrôle accru de la population
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De nombreuses tortures contre les dissidents ou même contre les personnes accusées de dissidence, y compris femmes et enfants. Des tortures de plusieurs années contre des journalistes.
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Les Houthis ont tué des milliers de civils et des dizaines de journalistes.
Avec la guerre, la condition des femmes au Yémen a empirée
De nombreuses filles subissent maltraitances et abus.
Le mariage des fillettes est une pratique courante au Yémen.
Et la guerre a accentué les violences à leur encontre.
Selon l’ONU, environ 2,6 millions de femmes et de filles sont exposées à la violence sexiste au Yémen.
Depuis 2015, la violence à l’égard des femmes et des filles a augmenté de 63%.
Sources: AFP, ONU, RFI
Toujours un plaisir de lire ces différents bulletins d’actualité internationale, encore merci !!